la laïcité : un îlot de paix dans la société civile
Le Mouvement Immigrants et Québécois Unis et Affirmé (M.I.Q.U.A) a tenu sa conférence publique « la laïcité : un îlot de paix dans la société civile », le samedi sept septembre 2019, au Studio Bizz, à Montréal.
Se disant déçu du manque de précision du texte de loi portant sur la laïcité de l’État tel qu’adopté par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) plus tôt cet été, le mouvement a annoncé son intention de déposer son propre projet de loi à l’Assemblée nationale. Celui-ci serait lu en Chambre par un député ou une députée indépendante et comporterait des amendements visant à renforcer les dispositions de la loi sur la laïcité.
Le président de l’Association amitié Québec-Kabylie et ex-candidat péquiste, Rachid Bandou, le cofondateur du M.I.Q.U.A, Jackson Bladi, ainsi que Yves Legault, un citoyen impliqué dans une recherche sur la structure sociale depuis plus de 25 ans, ont tour à tour souligné, lors de la conférence, l’importance de ne pas baisser la garde concernant le dossier de la laïcité dans la province. Un dossier qui n’a pas fini de faire parler étant donné les lacunes inhérentes au texte législatif adopté par la CAQ.
La laïcité : au nom de toutes les croyances
C’est Rachid Bandou de l’Association amitié Québec-Kabylie qui a ouvert le bal en relatant les racines profondes de la laïcité moderne, concept né de l’esprit d’un pape catholique nord-africain au cinquième siècle. Féru d’histoire, M. Bandou a d’ailleurs rappelé que le fonctionnement de la société kabyle actuelle, au sein de laquelle les affaires villageoises courantes n’ont rien à voir avec le domaine religieux, tirait ses origines de cette époque lointaine.
Le président de l’Association amitié Québec-Kabylie a ensuite servi au parterre d’invités une définition précise, qu’il a empruntée pour l’occasion, de ce qu’est et devrait être la laïcité dans sa forme moderne. Celle-ci doit permettre de « prendre en compte la diversité des personnes [et] la nécessité de les unir pour assurer leur coexistence dans une symbiose totale ».
De plus, cette symbiose ne saurait être possible que par la conjugaison de « la liberté de conscience qui permet aux auditions spirituelles de s’affirmer naturellement à travers leurs pratiques cultuelles, mais dans les lieux de culte […], l’égalité des droits de tous et toutes, sans distinction d’option confessionnelle [et] d’une loi temporelle, commune à tous, respectée par tous et universellement partageable ».
Un véritable vivre-ensemble
« En tant que population civile, on s’est dit que c’est quand même important de participer au débat politique et puis apporter notre point de vue » : voilà pourquoi le M.I.Q.U.A s’est investi en faveur du projet de loi sur la laïcité de l’État québécois au cours du printemps dernier, selon Jackson Bladi, cofondateur du mouvement.
Pourquoi s’être investi, lui, Jackson Bladi ? L’Ivoirien d’origine croit que tous les immigrants qui vivent dans la province ont le devoir de participer aux débats politiques québécois. Pourquoi ? Parce que « toutes les décisions qui sont prises ici, quand c’est du point de vue politique, on n’a pas le choix : on les subit tous ». Et M. Bladi est clair sur une chose : les points de vue de tout un chacun peuvent être divergents, mais l’important, « c’est de trouver un terrain d’entente pour qu’on puisse mener à bien la société québécoise ».
Le cofondateur du M.I.Q.U.A constate trois formes de sociétés à l’échelle planétaire actuellement : les sociétés religieuses, les sociétés laïques et ce qu’il nomme les « sociétés en transition constante ». À mi-chemin entre les sociétés religieuses et laïques, ces sociétés « en transition constante » mettraient l’accent sur la « gestion de la personne ». M. Bladi cite en exemple le Canada, où l’absence de caractère culturel définissant l’État mène à un clientélisme politique et peut conduire à de l’instabilité ainsi qu’à la domination d’une religion sur une autre.
« Le Québec […] ne peut pas se permettre cette forme de société là », a conclut Jackson Bladi. Il s’est réjoui par conséquent de la décision des Québécois d’opter pour une société à caractère laïque, laquelle « va faire une table rase de toute cette différence [culturelle et religieuse], va faire une table rase de toute cette incompréhension, va faire une table rase de tout ce qui est mauvais et puis qui nuit à l’harmonie et qui impose à l’autre sa vision des faits ». Il s’agit, de l’avis du cofondateur du M.I.Q.U.A., de la meilleure garantie du vivre-ensemble et du respect mutuel au Québec, considérant la situation minoritaire de la culture francophone en Amérique du Nord.
Or, « il reste beaucoup de travail à faire », de clamer M. Bladi à l’auditoire : la loi 21 n’a pas défini la notion de laïcité, mais a plutôt énuméré les principes qui l’encadraient, un vide qui risque de poser problème sur le plan juridique.
La loi 21 : une loi qui dit « oui » et « non »
Prenant la parole pour le troisième et dernier segment de la conférence, le collègue de M. Bladi, Yves Legault, a abondé dans le même sens. Il a notamment soulevé plusieurs contradictions quant aux principes enchâssés dans le texte législatif, à commencer par l’inclusion dans la loi sur la laïcité de la notion de neutralité religieuse de l’État.
M. Legault a en effet soutenu que la notion de neutralité religieuse de l’État était inapplicable dans la réalité parce que les demandes d’accommodement provenant des différentes idéologies religieuses n’ont pas d’équivalence entre elles. Ces demandes d’accommodements incompatibles sont donc irrecevables par les organismes désignés dans la loi, des organismes qui autrement se verraient soumis à une pression constante de la part d’individus aux convictions religieuses diverses.
Le conférencier a aussi déploré l’absence de cohérence dans l’article 11 de la loi 21, lequel stipule que les dispositions des trois premiers articles du texte législatif « ne prévalent pas sur celles de toute loi antérieure qui leur sont contraires ».
Le Mouvement Immigrants, Québécois Unis et Affirmés
Rappelons que le M.I.Q.U.A se veut une plateforme d’union entre immigrants et Québécois visant à harmoniser le vivre-ensemble dans la province en mettant de l’avant le respect mutuel et la démocratie. Le mouvement souhaite également participer efficacement au développement économique, éducatif et culturel du Québec.
Sources :
Conférence publique « la laïcité : un îlot de paix dans la société civile » organisée et produite par le M.I.Q.U.A, le samedi sept septembre 2019, au Studio Bizz, à Montréal
Publié le 18 septembre 2019 par le M.I.Q.U.A (http://www.miqua.ca/actualite-miqua/)
Se disant déçu du manque de précision du texte de loi portant sur la laïcité de l’État tel qu’adopté par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) plus tôt cet été, le mouvement a annoncé son intention de déposer son propre projet de loi à l’Assemblée nationale. Celui-ci serait lu en Chambre par un député ou une députée indépendante et comporterait des amendements visant à renforcer les dispositions de la loi sur la laïcité.
Le président de l’Association amitié Québec-Kabylie et ex-candidat péquiste, Rachid Bandou, le cofondateur du M.I.Q.U.A, Jackson Bladi, ainsi que Yves Legault, un citoyen impliqué dans une recherche sur la structure sociale depuis plus de 25 ans, ont tour à tour souligné, lors de la conférence, l’importance de ne pas baisser la garde concernant le dossier de la laïcité dans la province. Un dossier qui n’a pas fini de faire parler étant donné les lacunes inhérentes au texte législatif adopté par la CAQ.
La laïcité : au nom de toutes les croyances
C’est Rachid Bandou de l’Association amitié Québec-Kabylie qui a ouvert le bal en relatant les racines profondes de la laïcité moderne, concept né de l’esprit d’un pape catholique nord-africain au cinquième siècle. Féru d’histoire, M. Bandou a d’ailleurs rappelé que le fonctionnement de la société kabyle actuelle, au sein de laquelle les affaires villageoises courantes n’ont rien à voir avec le domaine religieux, tirait ses origines de cette époque lointaine.
Le président de l’Association amitié Québec-Kabylie a ensuite servi au parterre d’invités une définition précise, qu’il a empruntée pour l’occasion, de ce qu’est et devrait être la laïcité dans sa forme moderne. Celle-ci doit permettre de « prendre en compte la diversité des personnes [et] la nécessité de les unir pour assurer leur coexistence dans une symbiose totale ».
De plus, cette symbiose ne saurait être possible que par la conjugaison de « la liberté de conscience qui permet aux auditions spirituelles de s’affirmer naturellement à travers leurs pratiques cultuelles, mais dans les lieux de culte […], l’égalité des droits de tous et toutes, sans distinction d’option confessionnelle [et] d’une loi temporelle, commune à tous, respectée par tous et universellement partageable ».
Un véritable vivre-ensemble
« En tant que population civile, on s’est dit que c’est quand même important de participer au débat politique et puis apporter notre point de vue » : voilà pourquoi le M.I.Q.U.A s’est investi en faveur du projet de loi sur la laïcité de l’État québécois au cours du printemps dernier, selon Jackson Bladi, cofondateur du mouvement.
Pourquoi s’être investi, lui, Jackson Bladi ? L’Ivoirien d’origine croit que tous les immigrants qui vivent dans la province ont le devoir de participer aux débats politiques québécois. Pourquoi ? Parce que « toutes les décisions qui sont prises ici, quand c’est du point de vue politique, on n’a pas le choix : on les subit tous ». Et M. Bladi est clair sur une chose : les points de vue de tout un chacun peuvent être divergents, mais l’important, « c’est de trouver un terrain d’entente pour qu’on puisse mener à bien la société québécoise ».
Le cofondateur du M.I.Q.U.A constate trois formes de sociétés à l’échelle planétaire actuellement : les sociétés religieuses, les sociétés laïques et ce qu’il nomme les « sociétés en transition constante ». À mi-chemin entre les sociétés religieuses et laïques, ces sociétés « en transition constante » mettraient l’accent sur la « gestion de la personne ». M. Bladi cite en exemple le Canada, où l’absence de caractère culturel définissant l’État mène à un clientélisme politique et peut conduire à de l’instabilité ainsi qu’à la domination d’une religion sur une autre.
« Le Québec […] ne peut pas se permettre cette forme de société là », a conclut Jackson Bladi. Il s’est réjoui par conséquent de la décision des Québécois d’opter pour une société à caractère laïque, laquelle « va faire une table rase de toute cette différence [culturelle et religieuse], va faire une table rase de toute cette incompréhension, va faire une table rase de tout ce qui est mauvais et puis qui nuit à l’harmonie et qui impose à l’autre sa vision des faits ». Il s’agit, de l’avis du cofondateur du M.I.Q.U.A., de la meilleure garantie du vivre-ensemble et du respect mutuel au Québec, considérant la situation minoritaire de la culture francophone en Amérique du Nord.
Or, « il reste beaucoup de travail à faire », de clamer M. Bladi à l’auditoire : la loi 21 n’a pas défini la notion de laïcité, mais a plutôt énuméré les principes qui l’encadraient, un vide qui risque de poser problème sur le plan juridique.
La loi 21 : une loi qui dit « oui » et « non »
Prenant la parole pour le troisième et dernier segment de la conférence, le collègue de M. Bladi, Yves Legault, a abondé dans le même sens. Il a notamment soulevé plusieurs contradictions quant aux principes enchâssés dans le texte législatif, à commencer par l’inclusion dans la loi sur la laïcité de la notion de neutralité religieuse de l’État.
M. Legault a en effet soutenu que la notion de neutralité religieuse de l’État était inapplicable dans la réalité parce que les demandes d’accommodement provenant des différentes idéologies religieuses n’ont pas d’équivalence entre elles. Ces demandes d’accommodements incompatibles sont donc irrecevables par les organismes désignés dans la loi, des organismes qui autrement se verraient soumis à une pression constante de la part d’individus aux convictions religieuses diverses.
Le conférencier a aussi déploré l’absence de cohérence dans l’article 11 de la loi 21, lequel stipule que les dispositions des trois premiers articles du texte législatif « ne prévalent pas sur celles de toute loi antérieure qui leur sont contraires ».
Le Mouvement Immigrants, Québécois Unis et Affirmés
Rappelons que le M.I.Q.U.A se veut une plateforme d’union entre immigrants et Québécois visant à harmoniser le vivre-ensemble dans la province en mettant de l’avant le respect mutuel et la démocratie. Le mouvement souhaite également participer efficacement au développement économique, éducatif et culturel du Québec.
Sources :
Conférence publique « la laïcité : un îlot de paix dans la société civile » organisée et produite par le M.I.Q.U.A, le samedi sept septembre 2019, au Studio Bizz, à Montréal
Publié le 18 septembre 2019 par le M.I.Q.U.A (http://www.miqua.ca/actualite-miqua/)